Dans la famille Danjou-Boda, la passion du meuble se transmet de père en fils.
Une page se tourne chez Danjou-Boda, à Iwuy. En ce début d’année 2013, Jean-Pierre Danjou a transmis les clés de l’entreprise familiale, spécialiste de l’ameublement et de l’aménagement intérieur, à son fils, Loïc. L’occasion de revenir sur l’histoire de cette famille d’artisans rempailleurs depuis sept générations, aujourd’hui connue et reconnue, bien au-delà d’Iwuy.
Qui n’a jamais flâné et rêvé d’em- bellir son intérieur, un dimanche après-midi, ou tout autre jour de la semaine d’ailleurs, dans cette ancienne brasserie du XVIIIe siècle superbement rénovée, à Iwuy? Danjou-Boda, c’est d’abord un grand nom de l’ameu- blement, mais aussi un lieu, loin des zones commerciales, une âme et une autre idée de la déco.
Si c’est en 1962 que Pierre Dan- jou, avec son beau-frère Pierre Boda, crée les établissements Danjou-Boda, la fabrication du mobilier, plus précisément de la chaise, est bien antérieure dans la famille. «Mon grand-père descendait déjà d’une famille de rempailleurs de chaises depuis sept générations », souligne fièrement leur descendant, Loïc Danjou. Jusqu’au début des années 60, où des Lillois proposent aux rempailleurs iwuysiens, nombreux dans la commune, de présenter leur savoir-faire au Salon des métiers d’art vivants de Lille. Alors que la grande majorité refuse de quitter la ville pour s’exposer, Pierre Danjou et Pierre Boda, partent à l’aventure. « En quelques jours, ils font le plein de commandes », témoigne Loïc Danjou. Ambitieux et visionnaires, après la fabrication de chaises, les Danjou-Boda décident de se lancer dans la conception de tables: même succès. Puis ils proposent des meubles pour accompagner les chaises et les tables… «Ils osaient… Ils ont su voir plus loin que la chaise», analyse aujourd’hui le petit-fils de Pierre Danjou. Au début des années 80, l’entreprise externalise la fabrication « en sélectionnant des artisans qui respectent un cahier des charges précis… Elle se concentre alors sur le négoce de mobilier et l’agencement », explique Loïc Danjou. Elle est présente sur 24 foires en France et au Benelux. Danjou-Boda comptera alors jusqu’à 49 salariés.
En 1995, Pierre Danjou prend sa retraite. Son fils, Jean-Pierre, assure la relève. Et en 1997, Loïc, le fils de Jean-Pierre, rejoint l’entreprise familiale. Dans la médecine comme maman ou dans le commerce comme papa ? En catimini, le petit-fils passe avec succès le concours d’une école de commerce. Il souhaite d’abord monter sa propre boîte, mais son père lui propose de rejoindre l’entreprise. Comme lui, quelques années plus tôt, il apprend le métier sur les foires, puis redémarre le secteur cuisine, fait ses preuves dans la « grande maison ». Aujourd’hui, comme son grand-père, comme son père, il continue d’innover. Du meuble toujours, du beau encore, les architectes d’intérieur planchent sur des aménagements dédiés et surtout adaptés aux personnes handicapés par exemple. « Chez nous, chaque cuisine est unique. Nous adaptons notre savoir-faire pour que chacun puisse en profiter. »
Jean-Pierre Danjou, 60 ans, est en retraite depuis le début de l’année. C’est avec confiance et fierté qu’il confie sa société, comptant onze salariés, à son fils. « J’ai de la chance d’avoir un fils comme Loïc pour faire perdurer l’amour de notre métier. Nous avons toujours été très complices, mais il fallait que je laisse Loïc… J’aurai voulu lui donner ce que j’ai pris à mon père, mais avec cette conjoncture difficile… », confie le père, bienveillant. Un papa qui ne sera jamais bien loin, même s’il se consacre aujourd’hui à sa passion pour la nature, la chasse, les arbres, le bois… Finalement un juste retour aux essences pour le dernier membre de la famille Danjou qui aura appris le métier de rempailleur.
STÉPHANIE ZORN
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